Fragile Oléron

 

 

Si belle et tellement fragile, je voudrais te défendre tant je sais ta douceur incapable de lutter.

Oléron, Amour mais pas mon Amour, jamais je ne chercherais à te faire mienne. Amour mais jamais possession, Amour complicité peut-être mais jamais destruction , Amour fort, simple et sincère mais plein de concessions.

Oléron je suis prête à te perdre, faire de toi mon plus beau souvenir tout, tout plutôt  que de t'envahir, tout plutôt que te détruire.

 

Depuis longtemps, déjà,  les hommes arrachent à ton ventre sans défense un sable blond et fin laissant une cicatrice qui ne se refermera plus. A coups de béton ils achèvent de détruire, ils défigurent tes villages, qui, à la fin de l'été, laissent, coquilles vides sans âme, ces maisons comme autant de verrues indignes de ta beauté.

Ils t'aiment, disent-ils pourtant,  mais quel est cet Amour fait d'agression allant jusqu'à l'étouffement . L'Amour n'est pas excuse si le prix à payer est la mort d'un amant. L'Amour n'est pas excuse si le prix à payer est de détruire et non de protéger. L'Amour n'est  pas excuse, jamais, il se déshonorerait.

 

La dernière tempête, des hommes a parachevé l'œuvre, détruisant tout sur son passage pourtant cette blessure nouvelle, si importante, n'est qu'égratignure à l'aune du temps et tu sauras t'en relever, mais je te donne moins de chances face à la sottise des hommes. Ils ont trop l'habitude d'exercer leur talent  à détruire plus qu'à construire. S'ils mettaient un quart seulement  du génie qu'ils consacrent aux guerres à les faire cesser, notre monde aurait une autre allure, et les colombes voleraient en paix.

 

Défend-toi je t'en conjure, ne laisse pas ces manants violer ta délicatesse, ne les laisse pas te salir davantage, ils n'ont aucun droit de froisser tes plus beaux atours. Ne fais pas à l'image du pélican sacrifice de tes entrailles pour nourrir tes enfants,  ils sont par trop indignes de ton amour et de ton indulgence, abandonne les puisqu'ils veulent te détruire et n'hésite pas s'il le faut à les rejeter à la mer, les profondeurs des flots cacheront la noirceur de leur âme, seuls les meilleurs méritant d'être sauvés s'échoueront sur tes sables, et les pires seront inexorablement broyés.

 

Oh je le sais que tu n'en feras rien je t'en voudrais peut-être si justement ce n'était cette douceur, cet abandon total qui ne m'avaient charmée à notre première rencontre et le charme est puissant puisque, après toutes ces années, comme un philtre apaisant il agit encore.

Pourquoi suis-je impuissante à te rendre une once seulement de ce que tu m'as si généreusement donné, toi qui a su si souvent sécher mes larmes, calmer mes sanglots,

partager mes bonheurs et mes chagrins je te regarde mourir avec désespoir et colère mais même mes poings serrés à me faire mal ne peuvent rien plus rien pour toi.

 

Pourtant il me reste là, bien enfoui, comme une lueur d'espoir, un sursaut de tes amoureux qui par un coup de baguette magique, se verront transformer en nobles et preux chevaliers prêts à mourir pour toi, prêts à tout pour te sauver, je rêve qu'à l'heure de la victoire ils se  retrouvent tous, fatigués certes mais heureux et triomphants face aux  flots en colère et qu'enfin en  haut du phare de Chassiron  ils regardent alors l'océan furieux,  à son tour, se faire peu à peu pacifique .        

 

    



27/01/2010
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