Côtes d'Armor, cote d'amour

C'est une histoire d'amour, de violences, de passions où tour à tour les deux amants sont féminins ou masculins.

 

Un œil peu averti verrait dans ce Pays Breton comme un phallus géant qui pourfendrait la mer, mais ce serait ignoré que, par endroits, les flots l'envahissent et s'insinuent dans les rias qui découpent les côtes comme de profondes blessures. Les vagues dans la tempête viennent se déchirer sur les rochers tranchants. L'amour prend alors les accents de la fougue des tout jeunes amants pressés d'atteindre le but en ignorant qu'il est si bon de musarder sur le chemin de la découverte de l'autre. Jusqu'à l'éclat du ciel qui éclabousse la scène, là, où une douce lumière tamisée permet aux doigts de deviner ce que les yeux ne perçoivent pas vraiment.  La luminosité exceptionnelle de la Bretagne réussit même à rendre éclatant un ciel qui partout ailleurs serait simplement gris et triste, et ils ne se sont pas trompés ces peintres impressionnistes qui firent de Pont Aven leur coin de paradis.  Elle redessine les récifs avec des angles plus vifs. Elle tend avec l'aide du vent à exacerber l'affrontement  des amants. Elle éclaire les paysages d'irréalité, les auréolant comme une image divine.  Pourtant une chose est sûre c'est que l'amour est bien présent, la terre est, ici, indissociable de la mer. Le parfum entêtant de l'iode suffirait à le remémorer si d'aventure on venait à l'oublier.

 

Et puis dans ce pays de déchirures, il existe comme un îlot de tranquillité, un peu comme si la passion s'était éteinte pour laisser place à la tendresse. Jusques aux noms des lieux qui prennent  des accents poétiques : Trébeurden, Ploumenach, Trégor. Ils rappellent  les sonorités celtiques de la langue bretonne. Les rochers, ici, sont tout en rondeur, semblables  à des mamelons énormes dignes des femmes de Botero. Les vagues avec le temps ont poli  le granit rose, ont émoussé les angles, effacé les tranchants. Le soleil fait briller les éclats de mica de la pierre en faisant croire qu'une poussière d'étoiles s'y serait déposée. C'est lui encore qui donne cette teinte émeraude à la Manche, quand elle tutoie les côtes. Lui, toujours, qui la teinte en marine quand l'œil vient à se perdre dans l'infini de l'horizon. Lui, enfin, qui découpe la silhouette des arbres qui surplombent les flots donnant au paysage les allures de tableau florentin.   

 

Ce calme pourrait laisser croire que l'amour a déjà fait place à l'amitié. Mais il suffit, que sous la fougue du vent, les vagues se fassent furie pour que l'on s'aperçoive que la passion continuait à brûler comme le feu sous la cendre et qu'il a suffit d'un souffle plus puissant  pour que de nouveau se déchaîne l'incendie. Et on pourrait sans crainte parier que le Dieu Eole aime à séjourner sur les côtes  de l'Armorique et qu'il aime à souffler sur ces paysages de rêves que je rêve à mon tour avec ces quelques mots de vous faire aimer.



13/01/2010
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