Carte postale

Je vous envoie une carte postale de la mer. Plus exactement de l'océan. Une carte postale parfumée d'iode et humide d'avoir essuyé des embruns.  Je l'ai choisie avec un soleil couchant. Mais elle est magique car l'image n'est pas fixe, elle défile comme un film au ralenti.

 

Le soleil commence d'abord à décliner, mais juste un peu. Il ourle la crête des vagues de reflets d'argent, donne à l'écume des allures d'étincelles, transforme la surface de l'eau en un miroir mouvant. Il jette sur le sable mouillé des paillettes brillantes aux reflets d'or fondu.  Le ciel est toujours clair, le soleil aveuglant comme une lumière trop intense.

 

Puis, peu à peu, la luminosité décroît, c'est l'heure où en été, elle change la couleur des feuilles des arbres, donne au ciel d'orient des lueurs étranges.

Bientôt, à l'ouest, va commencer la féerie des couleurs si semblable tous les soirs et, pourtant, si différente à la fois.

 

Ce soir, un peintre semblait avoir tracé, à l'aide de légers nuages, des grands coups de pinceaux rageurs.  Ils entouraient le soleil comme un halot, tandis qu'à l'est le ciel devenait cristallin, d'une transparence prismatique qui laisse filtrer la lumière tout en la déformant.

 

La légère brume, qui s'est levée, a enrichi la palette des couleurs qui est souvent plus riche dans les ciels d'hiver, d'automne et de printemps que dans les ciels d'été sauf par temps d'orage montant.

Les pastels étaient tous là, le rose, le saumon, le pêche, l'abricot, le bleu, legris , le mauve, le parme.  Le soleil a pris alors sa couleur de métal en fusion, brûlante comme une coulée de lave qui jaillit du volcan.  L'horizon s'est alors embrasé, et aux pastels ont succédé l'or, le rouge, le carmin,  le pourpre, le grenat. La surface de l'eau est devenue luminescente et même par endroits, phosphorescente. Le reflet dans les vagues était, comme souvent, plus doux, moins violent. L'onde, seule, semblait donner vie au tableau, pas de nuages mouvants pour animer le ciel. Et pourtant imperceptiblement, les couleurs déclinaient, le ciel s'obscurcissait  lentement.

 

Mais avant de plonger totalement dans la mer, le soleil a, comme il en a souvent l'habitude, éclaboussé le ciel d'un dernier rougeoiement plus intense, plus vif, plus fort comme une promesse de retour et d'annonce de beau temps, ou alors  était-ce un salut à son amie la lune qui venait d'apparaître ?

 

 

 

 



13/01/2010
0 Poster un commentaire

A découvrir aussi


Inscrivez-vous au blog

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour