Amour amitié

Trois ans qu'ils se connaissaient, trois ans qu'ils partageaient tout ou presque tout : les fous rires, les galères, les sorties, les études, les soirées musique, les impros, les nuits blanches, les petits déj au Café de la Gare avant de se coucher. Trois ans d'amitié, lui avait ses amours et elle les siens et si à l'occasion ils avaient dormi dans les bras l'un de l'autre, c'était surpris par le sommeil dans une de leurs discussions à m'en plus finir.

Ce jour-là était un jour comme les autres, il avait joué de la guitare, ils avaient fredonné ensemble, ils avaient ri aux fausses notes, un jour comme les autres.
Il a posé sa guitare à terre, à côté de lui. Ils étaient, comme souvent, assis sur le tapis, pour boire tranquillement leur thé.
D'un geste machinal il a touché sa guitare, puis d'instinctif le geste s'est fait sensuel. Du bout des doigts il a caressé le galbe de l'instrument, il s'est attardé sur les creux, a effleuré les renflements. Puis toujours, comme par inadvertance, il a fait pénétrer ses doigts en faisant vibrer légèrement une corde. Sa main a commencé un va et vient très lent. Plusieurs fois il a cessé son geste pour revenir frôler les courbes, ses doigts revenant pourtant toujours glisser langoureusement jusqu'au coeur.
De son index il a dessiné le contour noir du trou sombre. Il a recommencé ses gestes plusieurs fois, toujours en parlant de musique, évoquant les souvenirs communs. Sa main semblait comme détachée de lui. Elle semblait mue d'une volonté propre. Elle paraissait surtout céder à ses envies au mépris de ce que, lui, pouvait désirer.

Depuis quelques minutes, elle, si bavarde pourtant, s'était tue. Ses yeux ne regardaient qu'une seule chose, les mouvements de sa main. Elle ne comprit pas tout de suite la nature de son trouble, mais elle en fut submergée par la violence. Elle rêvait que cette main cesse son manège ou alors qu'elle abandonne les contours de la guitare pour se lover dans le creux de ses reins. Elle sentait sa bouche sèche, sa respiration était plus courte. Elle n'osait plus regarder son ami dans les yeux de peur d'y découvrir l'éclat rieur qu'ils avaient toujours.

Elle s'était levée brusquement quand il avait entré son poing entier d'un geste violent et même presque rageur, en faisant grincer douloureusement les cordes. De sa main libre, il avait capturé la sienne, empêchant sa fuite. Et c'est à ce moment-là, quand elle a vu  son regard qu'elle a su que son jeu s'il avait été innocent, ne l'était plus déjà depuis longtemps. Il a souri quand il a compris qu'elle ne résisterait pas quand il l'attirerait à lui. Avec la même patience il a refait les gestes qu'elle lui avait vu faire. Sa main fût rejointe rapidement par l'autre et par sa bouche pour venir l'envelopper de douceur câline. Et il lui a semblé, qu'elle avait gémi comme tout à l'heure l'avaient fait les cordes sous la fougue de la pénétration.



20/01/2010
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